ma vie est passionnante

Je n'ai pas eut l'une des plus belles enfances des enfants de ma générations, mais ce n'est pas plus mal. Je suis consciente du fait que certains ont eut pire. J'avais un toit sur la tête et c'est suffisant. Ça c'est ce que je vous aurais dit si je n'étais pas une petite gamine égoïste, mais puisque je le suis, oubliez ces belles paroles et lisez plutôt ceci: la pauvreté c'est nul. Nous n'avons pas toujours été pauvres, la faute de mon père, comme se fut toujours le cas. Je ne suis pas fière de mes parents: une coureuse de jupons et un alcoolique au chômage. Une belle petite famille parfaite... La seule que j'arrive à supporter, c'est Kristen, ma soeur jumelle. Loin d'être aussi identiques que notre physique ne le suppose, nous avons nos caractères bien à nous. Je vous explique....

Lorsque notre père a perdu son emploi, je me suis mise à pleurer à chaudes larmes tandis qu'elle ne semblait pas comprendre ce qui allait arriver. Nous n'avions que sept ans à l'époque, quoi de plus normal. Un homme digne de ce nom aurait épluché les annonces le jour même, question de chercher un moyen de subvenir aux besoins de sa famille. Ce ne fut pas son cas. Il préféra la bouteille. Notre mère, elle, le trouve fainéant. Commence alors à éclater les disputes auxquelles nous n'étions pas encore préparées, trop jeunes pour comprendre ce que signifiaient tous ces cris, pleures et reproches. Nous étions plus que naïves, nous répétant sans cesse que tout allait rentrer dans l'ordre, que papa allait reprendre le travail bientôt et qu'il cesserait de frapper maman. Ce n'était que stupides rêves d'enfants. Des rêves qui ne se produiraient jamais. Au lieu de nous protéger en nous éloignant de notre père violent et alcoolique, notre charmante mère a décidé de fuir au bras d'un bel amant bien plus jeune qu'elle ne l'était. Elle est partie, ne se retournant même pas pour nous embrasser. Elle a abandonné ses propres filles, chose que je ne lui pardonnerai jamais. Kristen non plus, j'en suis persuadée, bien qu'elle semble plus compréhensive que moi à son égard. C'est ce qui nous différencie j'imagine: elle est bien plus humaine que je ne pourrai jamais l'être.

Bien que je croyais cela impossible, les choses ont commencé à empirer. Noyant ce deuxième échec dans une quantité supérieure de boisson, ce vieil imbécile à commencé à se défouler sur nous, qui nous nous cachions dans la penderie de notre chambre, au sous-sol, sous l'escalier ou à n'importe quel endroit qui nous permettait de nous éloigner de lui lorsqu'il était éveillé. Nous avons donc appris à nous débrouiller toutes seules. Les années passèrent et le lycée pointa le bout de son nez, sans avertissement pour nous préparer au rejet que nous allions y subir. Ayant peu d'argent pour nous vêtir et ne vivant qu'avait le faible revenu que nous apportait le chômage de notre père, nous n'avions pas de quoi nous vêtir ou nous équiper convenablement pour les cours. Nous avions à peine de quoi manger lorsque monsieur ne dépensait pas tout notre fric en alcool. Autant dire que nous n'étions pas les coqueluches du lycée, même si nous plaisions à la gente masculine, ce qui était indéniable. Ma mère avait pour habitude de nous dire qu'une femme se doit de se servir de ses atouts pour obtenir ce qu'elle voulait, et elle avait bien raison. La seule phrase censée qu'elle ne nous a jamais dite. Ma soeur est devenue une adolescente timide et réservée, alors que j'ai commencé à me rebeller. J'y voyais une certaine porte de sortie, allez savoir pourquoi. Kristen, elle, semblait plutôt effrayée par la simple idée de fréquenter ou de parler à un garçon, ce que j'ai toujours trouvé bête. J'ai accumulé les conquêtes, essayant de lui prouver que ce n'était pas quelques bêtises qui allait nous tuer. Je n'ai jamais réussi à la débaucher cela dit... mais ce n'est pas plus mal. La seule fois où j'ai tenté d'interférer et de jouer les entremetteuses, je l'ai immédiatement payé. J'avais simplement subtilisé son téléphone et avait envoyé un sms à un garçon qu'elle appréciait, pour lui donner rendez-vous. Elle n'a jamais tenté sa chance, ce qui reste un mystère pour moi. Avoir peur d'aller vers un garçon est une chose, mais de là à refuser de les rencontrer une fois la première étape franchie.... enfin. Je suis sûre qu'elle est toujours vierge, mais ça, c'est une autre histoire qui ne vous regarde pas, bande de pervers!

Ce fut l'évènement déclencheur. Nous nous sommes violemment disputées toutes les deux, ce qui a mis fin à notre amour fraternel sans faille. Les cris et les insultes, j'aurais pu les oublier. Mais la gifle qu'elle m'a donné ce jour-là restera gravé dans ma mémoire. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'elle ressemblait à notre père et que sous l'eau calme devait se dissimuler un ouragan prêt à ravager tout ce qui se trouvait sur son passage. Je me suis retournée, sans lui adresser un seul mot, et je suis partie. Ce silence a duré plusieurs jours, voir semaines. Nous ne nous adressions plus la parole. C'est à ce moment que j'ai décidé que je n'allais pas continuer à me lamenter sur ma vie pathétique, jusqu'à ce que je ne devienne comme notre père. J'allais m'offrir de belles choses... vivre. Comment allais-je y parvenir? Avec un peu d'aide. M'étant confié sur mes intentions de profiter de la vie à l'une de mes camarades de gymnastique, cette dernière me donna un tuyau que je trouverai plus que censé et que j'appliquerai ensuite à la lettre. "Tu es belle, sers-t'en!" C'est ainsi que j'ai débuté ce que certains appelleraient de descente aux enfers. Voyez-vous, j'ai découvert ce site servant à organiser des rencontres. Pas n'importe quel genre de rencontres. Des hommes riches et fortunés qui recherchaient la compagnie d'une femme pour faire bonne figure ou pour retrouver un peu de leur jeunesse. Il n'est pas question de prostitution, loin de là. J'aime à penser que je suis simplement une amie. Ils m’emmènent, entre autre, dans de grands restaurants et paient la note pour moi. En échange, je leur tient compagnie durant le repas et je fais semblant de les trouver charmants et amusants. C'est peut-être indécents puisqu'il s'agit d'hommes âgés de plus de cinquante ans, mais je n'en ai que faire. Lorsque nous avons passé quelques rendez-vous ensembles et qu'ils insistent pour passer à une autre étape, j'annule nos prochains rendez-vous et je passe au suivant.

Ma soeur n'approuve pas mon petit jeu, je le sais très bien, mais je n'en ai que faire. Elle doit avoir l'impression que j'agis comme une écervelée, coupant mes cheveux très courts et flirtant avec des grands-pères, mais elle finira par comprendre. Elle a sa vie et j'ai la mienne. L'important est que nous avons commencé à nous reparler. Bon, peut-être n'est-ce pas aussi chaleureux qu'avant, mais c'est un début. Nous habitons ensemble désormais et pas la peine de vous dire que nous ne côtoyons plus nos parents. Depuis peu, je fréquente cet homme: Elliot. C'est un médecin retraité, âgé de 64 ans. Très gentleman, je lui tiens compagnie depuis plusieurs mois, malgré les regards réprobateurs de son fils. Disons que notre première rencontre ne s'est pas déroulée sans accroches. J'avais rendez-vous avec son père, mais ce dernier ne s'est jamais pointé, ayant été retardé à une réunion de levée de fonds pour sauver la veuve et l'orphelin. Un hasard en entraînant un autre, ce fut son fils qui vint me chercher pour me raccompagner. Je n'ai pas voulu le suivre, ne le connaissant ni d'Ève ni d'Adam. Il m'a ensuite lancé des billets, ce qui a entrainé notre arrestation par des policiers patrouillant justement à cette heure. Il ne leur en fallait pas plus pour sauter aux conclusions: une rue malfamée, un jeune qui lançait des billets à une magnifique demoiselle..... il se payait les services d'une professionnelle du sexe, c'était évident! Nous nous sommes donc retrouvés en prison, jusqu'à ce que Elliott n'ai vent de cette histoire et ne vienne payer ma caution, laissant son fils poiroter en cellule tout en le blâmant de ce qui s'était produit. Je suis bien d'accord, c'est sa faute et pas la mienne. Je le déteste de tout mon âme et ce n'est pas près de changer... mais ce n'est pas un problème, ça ne m'empêche pas de dormir la nuit. Non, le véritable problème, c'est que j'ai rencontré un homme à la boutique de sport où je travaille le week-end. Charmant, bien habillé et éloquent, il fait battre mon coeur comme personne ne l'a jamais fait. Pas même cette serveuse mexicaine avec qui j'ai passé la nuit la semaine dernière. Non, il est différent. Bon, je ne suis pas le genre de fille qui croit au grand amour, au coup de foudre et tout ça... je laisse ces histoires absurdes à ma soeur. Non... c'est qu'il me plait. Seulement voilà, d'une manière ou d'une autre, je suis engagée avec Elliott et je ne puis me séparer de toutes ces choses qu'il m'offrent en retour de simples sourires. Contrairement à ses prédécesseurs, il n'a jamais tenté de mette la main sur moi ou de m'allonger sur son lit, et je lui en suis reconnaissante. Je ne voudrais pas le lâcher comme une vieille chaussette et regretter ensuite de l'avoir fait après avoir lu dans la rubrique nécrologique qu'il s'est enlevé la vie parce que tout le monde l'avait abandonné, même ceux qu'il payait. Ce serait cruel, n'est-ce pas? Bof.... après tout.... peut-être que le ferai un jour. Il pourrait décider de passer sa colère sur son fils, ça me ferait une belle jambe.

Les soeurs jumelles, j'adore   

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