▲ DAMIAN et ANDREA

« ATCHOUM ! » J'éternue tout en entrant dans la pharmacie adjacente à l'hôpital. Il y a un proverbe qui dit, en avril ne te découvre pas d'un fil. Est-il besoin de préciser que je ne l'ai pas pris au pied de la lettre ? Chaque année c'est la même chose ! Dès que le soleil me mord la peau de ses rayons, je m'empresse de me découvrir. Adieu doudoune et gros chandails à col roulé et bonjour t-shirt et petite vestes. Le problème, c'est que s'il fait beau et chaud le matin quand je quitte le loft ou je réside avec mon père pour me rendre à l’université. Quand je quitte les cours, en fin d’après-midi, c'est tout autre. Soit le temps c'est couvert, soit la température à chuter, soit il se met tout simplement à pleuvoir ! Et hier, j'ai eu le doit à un bel orage. Je ne portais qu'une petite veste en coton, et j'ai vite été complètement trempée. Et voilà le résultat, je me suis enrhumée. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, j'aurais dû faire attention et écouter les proverbes, ainsi que la météo, mais ce n’est qu’un détail.

Vous pensez peut être qu’en prévision de ce fichu rhume, j’allais me couvrir pour me rendre à la pharmacie ce matin-là ? Même pas, fidèle à mon habitude, je porte un jean, un t-shirt et un gilet de laine. A mes pieds, une bonne vieille paire de basket. Je déteste les godasses à talon, je ne sais pas marcher avec. La dernière fois que j’en ai porté, c’était pour faire plaisir à ma sœur, ça remonte à trois ans, environ. Et à mon bal de promo, j’avais une paire de Converse aux pieds, à la place des escarpins à talon que m’avait offert mon père. Pour la photographie avec mon cavalier, j’avais remonté la robe sur mes genoux pour qu’on distingue les chaussures inappropriées avec ma tenue. J’ai fait bien rire tout le monde, au moins, on se souviendra de moi pour ce que j’ai fais le soir du bal.

Après avoir expliqué ma situation à la jeune pharmacienne, je repars avec mon achat. Des goutes, à pulvériser dans chaque narine jusqu'à dix fois par jour et des comprimer à avaler quatre fois par jour. Je décide d'en prendre un sur le champ et je m'empresse de fouiner dans le sac en plastique que la pharmacienne m'as remis. D'une main, ce n'est guère facile, mais je tiens mon sac de l'autre, alors je ne peux pas faire autrement. Je ne regarde donc pas ou je vais, mais la route est vide de monde ce matin, il est tôt. Sauf que voilà, je percute quelqu'un de plein fouet. « Pardon ! Désolée ! » Je dis, tout en sortant fièrement un cachet de sa boite que j'avale sans eau, avant de lever le nez vers la personne que j'ai télescopé. C’est une tête que je connais pour l’avoir croisé à plusieurs reprises dans les couloirs du lycée, mais je ne connais pas son nom, d’ailleurs, il ne doit même pas ce souvenir de ma petite personne. Non seulement, nous n’étions pas dans la même classe, mais en plus, à l’époque, j’étais du genre transparente, et puis, du jour au lendemain, il a disparu de la circulation. Je croyais qu’il avait quitté la ville, il faut croire que non.

▲ DAMIAN et ANDREA

J'aurais préféré ne pas rencontrer quelqu'un, passer tout droit et sortir d'ici sans problèmes. Les deux mains dans les poches de mon gilet, j'aurais bien aimé passer innaperçu. Depuis le tout début de la matinée, je faisais tout pour que personne ne puisse me remarquer. Je marchais tranquillement, regardant de gauche à droite, de temps en temps, tout en espérant ne pas avoir trop de problèmes par la suite. Pourquoi? Probablement parce que je n'avais pas d'affaire à la pharmacie, tout simplement. J'aurais aimé continuer mon chemin, sans vraiment devoir regarder derrière moi, fermer les yeux et me précipiter dans la gueule du loup. Mais comme à chaque fois, certaines choses ne fonctionnaient pas. Il y avait trop de conneries disimulées un peu partout. Lorsque j'entendis des pas derrière moi, je n'ai pas pu m'empêcher de retourner la tête quelques secondes, deux pas plus, mais c'était déjà trop. J'ai heurté quelqu'un de plein fouet, tout simplement, me faisant perdre le contrôle de mes deux mains, dans le fin fond de mon gilet. Lorsque j'ai remarqué que cette personne me regardait, face à moi, j'ai posé les yeux par terre, sous le choc. Dans ''l'accident'' que la jeune femme avait fait, j'avais perdu le contrôle, étalant mon butin par terre. Deux rouges à lèvres et un crayon pour les yeux. Des choses insignifiantes pour moi, mais combien importantes pour une jolie brunette. Pourquoi les avoir pris et surtout, ne pas passer à la caisse? Probablement pour le ''feeling'' que tout ceci pouvait créer, tout simplement. Lentement, j'ai porté un doigt à mes lèvres, voulant faire signe à la jeune femme devant moi, qu'elle devait garder le silence. Soudainement, tout en prenant mon butin qui était par terre, et je ne sais pas trop pourquoi, quelle genre d'idée m'ait traversé l'esprit, mais j'ai pris le sac qu'elle avait entre les mains, pas celui en plastique, mais bien son sac personnel, avant de déposer mes articles non payés à l'intérieur et de balancer le sac près du détecteur. Un son assez strident se fit entendre, annonçant que quelque chose n'allait pas, que quelqu'un était entrain de partir avec des produits non payés. La morale de cette histoire? Ne jamais entrer en contact avec moi, tout simplement. J'avais peur qu'elle ne mentionne certaines choses, qu'elle puisse dire aux autres que j'avais pris certaines choses, cachant celles-ci dans les poches de mon gilet. Elle aurait bien pu allerter quelqu'un, comme garder le silence et le tout pour elle. Mais dans ma hâte, j'ai bien préféré ne prendre aucune chance, espérant qu'elle puisse me comprendre.

À vrai dire, je me moquais qu'elle puisse comprendre ou non ce que j'avais en tête. Je voulais uniquemnet partir d'ici sans trop de problèmes et encore plus lorsque tout le monde connaitrait la vérité. Mais ça, est-ce que quelqu'un, autre que la demoiselle que j'avais croisé à quelque part mais que son nom et son visage m'échappait complètement, le saurait? Je n'avais pas vraiment l'impression et j'allais probablement pouvoir garder l'esprit en paix. Mais au lieu de partir, de prendre mes jambes à mon cou et faire comme si c'était elle la coupable, je suis resté près d'elle, la regardant, me demandant vraiment où j'avais pu la croiser. À l'école? C'était bien possible... Ou bien, au travail? Possible aussi. Tout ce que je savais, c'est que ce n'était pas une amie à mes deux demi-sœurs. Leurs amies étaient beaucoup moins mignonnes et beaucoup plus superficielles qu'elle, c'était certain. Lentement, j'ai retourné la tête, voyant quelqu'un s'approcher de nous. Probablement le gérant de la pharmacie! Qui d'autre?

▲ DAMIAN et ANDREA

Il y a des jours où l’on ferait bien mieux de rester sagement chez soit, ce jour-ci en faisait partie. Si je n’avais pas eut la bonne idée de m’enrhumer, j’aurais évité de tomber sur un problème ! C’est à se demander si je n‘attire pas les hommes à problèmes. Je ne fais absolument rien pour que ça soit le cas. D’accord, mon meilleur ami de toujours est un problème à lui tout seul, mais les autres personnes que je connais, n’en ont pas, ou si peut. Pourquoi donc, en sortant de cette stupide pharmacie, faut-il que je télescope un type louche ? Car dès le moment ou mes yeux se sont posés sur lui, j’ai sentie quel quelque chose n’allait pas. Il m’a malheureusement fallu plusieurs minutes avant de flairer le truc louche. Malheureusement, oui, c’est bien le mot. Il me suffit pour cela de regardé sur le sol, ce qui semble tant l’intéressé, pour comprendre. Du maquillage ! Il y a encore les étiquettes, je suis peut être un poil trop courageuse, je comprends de suite qu’il est parti sans payé. Je le comprends bien avant qu’il ne pose un doigt sur ses lèvres pour me faire signe de me taire. Comme si j’allais cafarder ! Ce n’était pas mon intention. Du moins, ça ne l’était pas jusqu’à ce qu’il mette les objets volés dans mon propre sac à main, avant de le flanquer devant les portes, ce qui déclenche aussitôt le détecteur.

« Pauvre taré ! » Je hurle, en le poussant de toutes mes forces. Je ne réfléchie pas plus d’une seconde, et sans prendre la peine, ni de vérifier si je l’ai fait tomber, ni de reprendre mon sac, je pars en courant. J’ai l’habitude de courir, sauf que, d’habitude, j’y suis préparé, là, je suis partie parce que s’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Je n’ai pas envie d’être accusée de vol alors que je suis malade. Et je n’ai aucune envie de couvrir un abruti qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de planquer son butin dans mes effets personnels. Bordel ! J’attire vraiment les mecs à problèmes. Combien de chance il y avait pour que ça soit moi et pas une autre personne, qui croise ce type ? Des milliers. Et il a fallu que ça soit moi, merci du cadeau. J’ai conscience que ma fuite ne porte pas en ma faveur, que c’est suspect, mais rester avec ce type et attendre de me faire coffrer, ce n’est guerre mieux. Alors, je cours, je vol, je mets le plus possible de distance entre la pharmacie et moi. Je suis en sueur, j’ai mal au ventre, je sais aussi qu’on me suit, mais, New York est une grande ville, il y a peut de chance qu’on me retrouver. Au bout d’une quinzaine de minutes, je m’arrête, hors d’halène, pliée en deux par un point de côté. Je ne sais même pas ou je me trouve, et mon argent, ainsi que mon téléphone portable et mes clés, sont dans le sac à main que j’ai « oublié » dans ma fuite.

J’ai un mal fou à reprendre une respiration normal. Je tousse, je crachote et je finis par rendre ce que j’ai sur l’estomac, c'est-à-dire, rien du tout, vu que je n’ai rien pu avaler ce matin, à part un comprimé pour le rhume, qui bien sûr, n’a pas eut le temps de faire son effet. Mal en point, je m’assoie sur le sol, dans l’espoir de me remettre de mes émotions. J’espère sincèrement que ce voleur de pacotille n’a pas eut l’idée de me suivre, sinon, il va entendre parler de moi. Je déteste ce type ! Je ne le connais pas et je n’ai aucune envie de le connaitre. Non mais sérieusement, il pensait à quoi ?